10 aout 1792

Carle, Tyler et Hus reprennent du service

Cersei Lannister ou l’allégorie du capitalisme.

Possibles spoilers, you’ve been warned.

Résident terrestre du 21e siècle connecté à internet, difficile de ne pas connaître Game of Thrones. Cette série télévisée extraite de la saga de George RR Martin, nous plonge dans ce que l’on pourrait appeler de la « hard fantasy » ou « medieval fantasy », un univers plus réaliste que l’héroic fantasy standard, épuré des races chelous, du manichéisme simpliste et des « gentils » avec une carte « joker, je suis gentil, je gagne tout le temps et je meurs jamais ».

Le récit raconte des luttes de pouvoir très inspirées du moyen-âge du « vieux monde », Eurasie et espace méditerranéen. Avec un peu de culture ou son avatar moderne, la recherche google, on peut retrouver les sources réelles des événements comme des « grandes familles ». Ainsi, les Lannisters, dont l’article porte sur un de ses « éminents » membres, avec leur héraldique « lionesque » font immanquablement penser aux anglais et à la Grande-Bretagne. Grande-Bretagne qui rappelons le en passant, est la société qui a le plus contribué à l’émergence du système économique capitaliste.

De nombreux protagonistes constituent l’intrigue de Game of Thrones, qu’on les apprécie où qu’on les déteste, on ne peut que constater que leur psychologie fut soigneusement tissée par le maître d’œuvre.

Parmi ces personnages, il en est une qui, je le confesse, illustre quasiment à la perfection ce qui constitue le pire des possibles de l’âme humaine : Cersei Lannister.

La créature est faible, stupide, inefficace, prédatrice, perverse, mortifère et j’en passe. Son esthétique est celle des chants des sirènes qui projettent les marins à leur trépas.

Dans toute l’histoire Cersei s’avère être l’enfant gâtée, héritière par excellence, qui s’est contentée de naître et exige depuis sont enfance que tout lui soit due. Dès son plus jeune âge, elle martyrise son jeune frère Tyrion, brutaliser un nourrisson nain for fuck sakes !!!
L’absence quasi-totale de contraintes dans son éducation, a largement contribué à l’absence de connexion neuronale chez la jeune fille. Ce qui a pour corollaire une bêtise couplée à un aplomb difficilement mesurable.

Si on observe sa vie, Cersei n’a jamais obtenu ce qu’elle désirait. Son mariage princier avec Robert Baratheon s’est vite transformé en humiliation permanente. Parce que cette cruche n’avait rien en elle qui pouvait éveiller l’amour ou le respect d’un homme qui avait sincèrement aimé une personne véritablement noble, Lyanna Stark. Quel esprit sain pourrait tomber amoureux d’un ersatz de la noblesse ?

Elle a réussi le tour de force de provoquer la mort de tous ses enfants, qu’elle désirait pourtant, protéger plus que tout. Joffrey sous éduqué, gâté, jamais éveiller à la tempérance et au respect à creuser sa tombe en alimentant sans cesse le mépris et la défiance à son égard. Caractéristiques prenant racine dans la relation et l’esprit pervers de sa génitrice.

Myrcella est assassinée par vengeance, vengeance pour Oberyn, brutalement tué lors d’un duel parce que les vicissitudes abjectes des Lannisters lui avaient fait perdre sa raison. Duel qui eut lieu, car Joffrey avait été assassiné à cause de sa mère, etc. Revoir le paragraphe précédent.

Et dernier rejeton impie en date, Tommen, qui comme Myrcella est victime de la rage et de l’impertinence de sa stupide mère. Ne supportant plus ses machinations, aimant sincèrement sa femme et convertis non moins sincère à la religion d’État, il craque lorsqu’il comprend que toutes ces choses qui le tiennent encore dans l’inconfortable position de souverain, ont été détruit par sa mère.

Cersei, c’est le capitalisme, incohérent, violent, sûr de son bien fonder, s’enfonçant inexorablement dans le pire, mais incroyablement bien servis par la providence.

Cersei serait morte, sans la bienveillance de ses frères. Sans le coup de maître de Tyrion à la bataille de la Néra, sans l’intervention des Tyrell à cette même bataille. Elle serait peut-être morte avant, sans le ralliement de « Littlefinger » durant l’épisode où Ned Stark tenta de faire tomber le gouvernement en révélant le lignage du roi. Son père, comme son oncle ont, à de maintes reprises, rappelé à cette sotte qu’elle devait rester à sa place, tant ses conseils et ses idées n’offrent aucune solution viable. Néanmoins, elle continue à se croire apte et à chaque fois, elle perd ce qu’elle prétend vouloir protéger. Comme le capitalisme, tout ce que Cersei touche, tout ce à quoi elle prétend aspirer, finis par disparaître dans une longue agonie, empoisonnement, dépression, suicide…

Prends garde à toi Jaime.

Autre similitude, entre Cersei et son homologue conceptuel, sont arrivée au pouvoir absolu fut accomplie en détruisant la religion ou plutôt la spiritualité. Symbole d’un vieux monde qui tentait parfois, certes très maladroitement et pas souvent de bonne foi, de servir de contre pouvoir à la vénalité de l’argent.

À la manière de son pendant paradigmatique dans le monde réel, le « système Cersei » n’est à présent défendu que par une cour sordide. Passons en revue les troupes, la dernière ligne de défense :
Un mort-vivant casqué servile, sans âme et agressif… Toute personne qui a assisté à une manifestation saura saisir les similitudes entre « la Montagne » et une institution tâchée de sang au service du pouvoir… Le mort-vivant peut aussi être rapproché de celui du second film de Romero, à savoir des individus muent uniquement par des réflexes et le cannibalisme… Bref, le péquin moyen qui consomme/produit/ vote de la merde.

Ensuite, les enfants miséreux et sans repères, dernières générations totalement sous l’emprise du paradigme, font particulièrement penser à nos jeunes. Il suffit d’un coup d’œil sur la page Facebook ou sur le compte YouTube d’un membre de la génération Iphone, selfie, télé réalité, pour se rendre compte des similitudes…

Un savant fou, Frankenstein, Follamour, qui utilisent ses incroyables connaissances pour engendrer la mort. Comme les savants du projet Manhattan où ceux qui ont accouché des brillantes idées faisant la fortune de Monsanto. Bref, ceux qui ont affiné leur ingéniosité pour la donner en pâture aux fossoyeurs professionnels de l’humanité.

Cersei partagera très probablement le même destin que le capitalisme. Toute son ascension, son statut n’est que le produit de circonstances qui n’ont aucune validité sur le long terme. C’est un produit des fantasmes des hommes. Fantasme de la validité de l’apparence physique comme critère de valeur, fantasme de la noblesse de sang comme critère d’efficacité dans l’exercice du pouvoir, etc. Ses ennemis se multiplient, parce qu’elle n’a jamais su composer, qu’elle n’a jamais voulu ou pu comprendre la diversité des hommes, la complexité des choses. Son avenir est mort, car elle a arraché toutes les jeunes pousses de son jardin, un sale gosse arrachant les ailes d’un papillon, un sale système arrachant les ressources de la terre… De plus en plus dos au mur, sans plus aucun fusible, la coalition fatale s’est mise en place, le moment où il n’est plus question de s’en tirer quel que soit son statut, sa naissance. Comme un petit roi divisé par deux via une révolution, où une économie basée sur une abondance imaginaire, ronger par de fréquentes crises systémiques.

Un commentaire sur “Cersei Lannister ou l’allégorie du capitalisme.

  1. romain
    30 juin 2016

    Je l’espère de notre vivant, on dira un jour au capitalisme et à ceux qui le représentent : « Confess ».

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Cette entrée a été publiée le 30 juin 2016 par dans Culture, et est taguée , , .